Mon histoire : Les soins de socio-esthétique, des moments de partage énormes.

Pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous ? Quel est votre métier ?

Je m’appelle Stéphanie et je suis socio-esthéticienne depuis 5 ans. J’ai eu mon diplôme en 2016 à l’École du Codes (Cours d’Esthétique à option humanitaire et sociale) à Tours.

Pionnière de la socio-esthétique, cette école délivre un diplôme reconnu par l’État. On y suit des cours de psychologie, psychiatrie, sociologie pendant un an tout en effectuant des stages dans des hôpitaux. Les cours sont également dispensés à l’Hôpital de Bretonneau auprès de médecins et cadres de santé. Étant donné que le premier gros actionnaire de cette école est L’Oréal Luxe, une mallette de produits cosmétique est mise à notre disposition, ce qui est très utile pour effectuer les premiers rendez-vous de socio-esthétique avec les patients.

Toutefois, j’ai eu un peu de mal à trouver du travail car c’est un métier qui existe depuis seulement une vingtaine d’années. Il faut se faire connaître à travers le bouche-à-oreille ou en montant des dossiers.

Quand je suis arrivée à Marseille, j’ai téléphoné au bureau des socio-esthéticiennes de l’Institut Paoli-Calmettes. J’ai pu y travailler en 2018 pendant 3 ans et être formée sur le terrain grâce aux deux socio-esthéticiennes expérimentées dans le domaine depuis 15 ans. J’ai été prise en charge financièrement par l’association CEW (Cosmetic Exécutive Médical).

Parlez-nous de votre métier ? Qu’est-ce que la socio esthétique ?

La socio-esthétique consiste à se servir des techniques esthéticiennes auprès des personnes fragilisées par la maladie ou en détresse sociale, en utilisant leur corps comme médiateur, pour apaiser les souffrances.

Cette discipline vise à favoriser la détente corporelle ainsi qu’un relâchement physique et psychique.

Elle n’est pas utilisée uniquement pour les gens atteints du cancer mais s’effectue aussi auprès de personnes dans une situation de grande précarité.

Par une écoute bienveillante, j’arrive à libérer la parole de personnes en difficulté. En bénéficiant d’un massage, la personne se sent en effet plus en confiance et s’exprime sur comment elle vit la maladie, notamment par rapport à la toxicité des produits de chimiothérapie.

Qu’est-ce qui vous a poussé à exercer cette profession ?

Avant d’être socio-esthéticienne, j’étais maquilleuse dans le domaine de l’audiovisuel pour les séries télévisées, les clips et la mode pendant 18 ans. J’aimais particulièrement le rapport avec l’artiste. En effet, la maquilleuse a des échanges verbaux avec le comédien ou l’artiste pour le rassurer, le mettre en confiance avant d’entrer sur le plateau.

Je commençais aussi à donner des cours d’auto-maquillage. Lors d’émissions handisports, j’étais entourée de personnes à mobilité réduite et amenée à faire des journées autour de l’estime de soi.

J’ai également travaillé avec le Secours Catholique autour d’ateliers sur la thématique "comment prendre soin de soi".

J’ai trouvé ces expériences particulièrement enrichissantes.

Je me suis ensuite renseignée et j’ai découvert qu’il existait un diplôme reconnu par l’État : celui de socio-esthéticienne. J’ai donc passé une VAE en 2014 puis en 2015, je suis rentrée en France pour faire la formation au CODES qui m’a beaucoup apportée.

Dans quelle structure intervenez-vous ? Hôpitaux, domicile, privé, association ?

J’interviens dans deux structures hospitalières : le CHU de Toulon ainsi que l’Hôpital Européen de Marseille. Je travaille également auprès de structures sociales et médicosociales dans lesquelles mes prestations sont prises en charge par des associations.

Je réalise mes soins socio-esthétiques au chevet des patients, en cas d’une prescription d’une infirmière ou d’un cadre de santé, mais aussi lors d’ateliers collectifs.

Pour la socio-esthétique en milieu hospitalier dans les services d’oncologie, on travaille avec une équipe pluridisciplinaire (médecin, infirmière, diététicienne, prothésiste capillaire) pour mieux prendre en charge le patient tout au long de son traitement.

À qui s’adresse vos soins ? 

Mes soins sont dédiés aux personnes fragilisées par la maladie ou en situation de détresse sociale.

Comment sont pris en charge vos soins ?

Les soins sont pris en charge par les établissements de santé ou par les associations.

Comment se déroulent vos RDV ?

Les rendez-vous sont prescrits par des médecins ou des infirmières. Je suis certains patients toutes les semaines.

Les soins sont prodigués en fonction des volontés de la personne, de ce qui s’impose par un rapport à son état, de si elle a envie de parler ou non ou encore selon si elle est en hôpital de jour ou bien alitée depuis plusieurs semaines.

En quoi est-il important pour les patients de bénéficier des soins de support durant les traitements ?

J’ai voulu faire ce métier pour le côté humain qui ressort énormément. C’est un moment de partage entre le patient et moi-même. Je l’accompagne le temps d’un instant, de plusieurs mois voire d’une année.

Je l’aide à retrouver des gestes oubliés, à surmonter un moment de souffrance énorme par rapport à l’annonce d’une maladie ou à traverser celle-ci le mieux possible à travers des soulagements corporels et psychiques, en recourant aussi bien à la communication verbale que non verbale.

Je l’accompagne de manière globale avec les personnes qui m’entourent dans les structures : c’est un vrai travail d’équipe !

Un petit mot pour eux ?

Les soins socio-esthétiques sont des moments de partage énormes. Le bénéficiaire me remercie beaucoup. Je lui réponds que j’ai dû lui apporter certes beaucoup de choses, mais que lui aussi m’a énormément apporté. C’est un bel échange entre nous, un rapport d’âme à âme. Ce sont des moments humains forts dans des situations compliquées.

Après une séance de socio-esthétique, je repars reboostée. Je suis vraiment heureuse de faire ce métier !

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