Mon histoire : Ne jamais se décourager et toujours penser à l'avenir !

Pouvez-vous vous présentez ? Qui êtes-vous, quel âge avez-vous ? Avez-vous des passions ? Votre situation familiale ?

Je m'appelle Pauline, j'ai 36 ans, je suis mariée et j'ai 3 enfants (12 ans, 8 ans et demi et 6 ans). Dans la vie, je suis passionnée par l'architecture, les voyages farniente et mes enfants ! Je suis également chef d'entreprise de la Maison Mistre à Marseille et j'adore les responsabilités d'un chef d'entreprise (de la naissance de la société, sa gestion, le contact avec la clientèle...).

Pourquoi avoir accepté de témoigner aujourd’hui ?

J'ai accepté de témoigner car pour moi, aujourd'hui, avoir eu un cancer n'est plus honteux et j'en ai fait, après plusieurs années, une force dans ma vie de tous les jours.

Quand et comment avez-vous découvert votre cancer ?

J'ai été malade en mars 2008, après un voyage fantastique avec ma meilleure amie aux Bahamas. Je suis revenue déprimée, mais je pensais que c'était le contre coup de cette semaine magique hors du temps. Lors d'un examen de contrôle "classique" chez ma gynécologue, cette dernière m'annonce qu'elle sent une masse et qu'il faudrait réaliser des examens complémentaires. Je n'ai rien compris ou pas voulu comprendre. J'ai passé des scanners, prises de sangs, IRM… Je me suis faite opérer à l'Institut Gustave Roussy à VILLEJUIF mais je n'étais vraiment pas consciente de tout cela, jusqu'à ce que je retourne à IGR pour les résultats de l'anapath suite à mon opération. C'est à ce moment-là, le 29 avril 2008, que l'on pose un nom sur ma maladie : tumeur germinale des cordons sexuels et que l'on me parle de chimiothérapie. C'est ce jour-là que j'ai su que j'avais un cancer.

Comment avez-vous vécu l’annonce et quelles ont été les réactions de votre entourage ?

J'ai très mal accepté l'annonce de la maladie. J'avais 22 ans, j'avais perdu mon père deux ans auparavant d'un myélome et ma mère avait déjà été atteinte de deux cancers. Le cancer faisait déjà partie de moi depuis toujours.

Je ne sais pas comment a réagi mon entourage car je ne souhaitais surtout pas en parler, pour moi, c'est honteux. Mais je n'ai jamais vu personne pleurer autour de moi alors que je sais qu'ils étaient dévastés.

Comment s’est passé le traitement ? Effet secondaire, etc…

Dans un premier temps, j'ai refusé les traitements car on m'avait exposé le risque de perte de cheveux. Pour moi c'était impensable. Puis j'ai été dans l'obligation de changer d'avis. J'ai eu deux cures de chimio BEP à l'Institut Paoli Calmettes à Marseille (une semaine en hôpital, puis 2 mercredis à domicile, puis encore le même protocole). 

J'ai eu énormément d'effets secondaire malgré le fait que je n'ai eu que peu de durée de traitement : perte d'appétit, perte de poids de plus de 10 kilos en deux mois, perte d'énergie (j'ai dû réapprendre à marcher car je ne me levais plus de mon lit) et bien évidemment une perte de cheveux.

Quelles ont été les phases les plus compliquées de votre maladie ?

Les phases les plus compliquées ont été la modification de l'apparence physique avec la perte de cheveux. J'ai commencé à perdre mes cheveux au bout de 3 semaines. Voir ses cheveux sur son oreiller le matin au réveil a été très compliqué. La coiffeuse m'a proposé de me raser la tête pour ne plus avoir le choc de retrouver les cheveux le matin.

Il y a eu aussi le regard des autres qui a été difficile à vivre, cette expression du visage des gens... J'étais en Master de Droit lorsque j'ai appris ma maladie et j'ai dû passer mes examens en session spéciale. Les examinateurs qui vous demandent ce que vous avez alors que vous êtes là pour passer votre examen...

Le fait d'être aussi enfermé dans une bulle : ne pas pouvoir sortir, ne pas pouvoir vivre tout simplement !

Dans quelle mesure ce cancer a-t-il profondément modifié votre vie quotidienne ?

Au début il a tout changé : je voulais vivre à 2000% mais après la vie reprend son cours! Je pense toutefois que le cancer a changé ma vie car j'ai eu le courage il y a quelques mois de quitter mon poste de juriste fiscaliste pour suivre mon rêve et pérenniser la tradition familiale en ouvrant la Maison Mistre. Peut être que je ne l'aurais jamais fait sans cette maladie.

Comment arrivez-vous à vous battre jour après jour contre ce cancer ? Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui lisent votre témoignage ?

Cela fait 14 ans maintenant que le cancer est derrière moi. Par conséquent, je l'ai laissé sur le côté de la route et n'y pense plus. Toutefois, le conseil que je pourrai donner est de faire régulièrement des contrôles médicaux afin de ne jamais passer à côté de quelque chose. Je dirai aussi que même si l'annonce est difficile, il y a toujours un espoir de guérison et cette période passera, ça sera une étape de vie qui nous rend plus fort par la suite, même si on n'y croit pas sur l'instant. Ne jamais se décourager, toujours penser à l'avenir et à ce que l'on fera de merveilleux après. L'après était mon but et j'ai réussi à vivre la vie que je souhaitais, à me marier, avoir 3 merveilleux enfants et être épanouie !